Séjour de Linda Yi-Sun Chan au Bénin

Après un séjour fructueux au Bénin en décembre 2013, Linda nous est revenue enrichie de son expérience, avec des images plein la tête – images dont vous aurez un aperçu en visitant notre page Facebook. (Linda nous a gracieusement autorisé à publier ses plus beaux clichés béninois).

En plus de s’impliquer dans les projets de Santé et Éducation Maintenant!, notamment en donnant des cours d’anglais et en aidant nos formateurs informatiques, Linda a participé à un projet de lutte contre le paludisme avec l’ONG La Vie Nouvelle, l’un de nos partenaires au Bénin. Nous remercions Linda de son implication et de son enthousiasme, ainsi que nos partenaires béninois qui l’ont accueillie et encadrée durant son séjour.

Aussi, nous vous invitons à lire les réflexions dont Linda nous a fait part à son retour. Merci à Linda de partager ses impressions personnelles sur une expérience marquante:

Mes deux semaines et demie au Bénin ont passées très rapidement. À mon retour au Canada, j’ai vécu un choc culturel : le sentiment d’être une étrangère chez soi. Je me souviendrai longtemps de la chaleur des béninois, du sourire rayonnant des enfants, des soirées de danse improvisées au village qui duraient jusqu’à l’aube! Ce qui m’aura le plus marqué restera sans doute l’esprit communautaire des habitants de Ladji.

Je suis très reconnaissante d’avoir eu l’opportunité de vivre à Ladji et d’avoir contribué à plusieurs projets différents. Pour la passionnée des enjeux de santé que je suis, c’était une chance incroyable de faire partie d’un projet sur ​​la réduction de la mortalité liée au paludisme. En effet, dans la plupart des pays africains, la simple utilisation de moustiquaires suffirait à diminuer sensiblement le nombre de victimes de cette maladie infectieuse1.

Selon moi, la clinique gérée par La Vie Nouvelle2 est innovatrice en raison de ses diverses initiatives : Ils favorisent la planification familiale et offrent diverses méthodes de contraception.

Notamment en raison de mon arrivée durant la période des fêtes, la clinique était moins fréquentée qu’à l’habitude. J’ai cependant pu participer à plusieurs accouchements à la maternité. La plupart du temps, les accouchements se sont très bien déroulés. Même si, en raison de pannes d’électricités fréquentes, nous avons presque mis au monde un enfant avec pour seul éclairage des écrans de téléphones cellulaires. Nous avons notamment eu le cas compliqué d’un bébé au rythme cardiaque préoccupant ; de sorte que les infirmières ont dû administrer à la mère de l’ocytocine* afin de provoquer les contractions. Après l’accouchement, le bébé ne répondait pas aux stimulations externes. Malgré les diverses tentatives des infirmières pour provoquer le premier cri, le bébé était trop fatigué pour réagir. Dans ces moments intenses, il est difficile de gérer le sentiment d’impuissance! Finalement, les infirmières ont décidé de garder le bébé en observation pendant quelques jours. L’équipe médicale m’a dit qu’il était très probable que la mère ne soit pas venue à la clinique pour son suivi prénatal, et qu’elle soit arrivée trop tardivement après le début du travail. Cela semble être un problème récurrent : le manque de médecine préventive et d’examens réguliers.

Le dernier jour de mon voyage, une responsable politique est venue au village et a donné de nombreux sacs de riz et de vêtements au village, C’était un très beau geste, du moins en apparence. Le concept d’aide humanitaire est complexe et délicat. Ma vision personnelle, quant à elle, correspond à l’adage : «Donne un poisson à un homme, il aura à manger pour une journée. Apprend-lui à pêcher, il mangera toute sa vie». En effet, si nous donnons seulement nourriture et argent aujourd’hui à ceux qui en ont besoin, que feront-ils demain? À mon avis, cela contribue davantage à nourrir le problème que le résoudre. Mais en leur donnant les moyens d’apprendre, on leur permet d’acquérir les connaissances et l’autonomie nécessaires pour combattre la pauvreté. Je finirai sur une note personnelle : j’ai rencontré des gens demandant de l’argent ou des cadeaux quotidiennement, et je comprends leur lutte pour survivre. Cependant, je sais que je ne mets qu’un petit pansement sur ​​une grande blessure en leur donnant ce qu’ils réclament. On en revient à l’idée d’alimenter le problème.

Sur la base de ma propre expérience, je crois fermement que l’éducation peut briser le cycle de la pauvreté : il suffit de fournir l’opportunité d’en profiter.. A ce titre, enseigner l’anglais aux enfants à l’école “Espoir pour un Enfant” et assister aux cours d’informatique à Glo Yekon m’a conforté dans ma conviction.

*L’ocytocine est une hormone utilisée pendant le travail d’accouchement, afin de faciliter la naissance (source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ocytocine)

Notes de l’éditeur :

1)      Afin de mieux comprendre les raisons pour lesquelles les populations, particulièrement celles à faible revenus et au faible niveau d’éducation formelle, n’adoptent pas le moustiquaire comme mesure de protection, voir l’.article suivant : Doudou Dimi Théodore et al., « La moustiquaire imprégnée d’insecticide comme moyen de lutte contre le paludisme : les raisons d’une adoption limitée en Côte d’Ivoire », Natures Sciences Sociétés 4/ 2006 (Vol. 14), p. 431-433 (URL : www.cairn.info/revue-natures-sciences-societes-2006-4-page-431.htm). Il est également à noter qu’une pratique répandue aussi chez les plus pauvres est de revendre les moustiquaires qui leur sont donnés dans le cadre de programmes de promotion de la santé afin d’assouvir leurs besoins primaires et urgents.

2)      La Vie Nouvelle est un organisme non-gouvernemental béninois dirigé par le Dr Théophile Hounhouedo qui gère une clinique, une école ainsi qu’une ferme.  Cet organisme est un partenaire important de Santé et Éducation Maintenant!.