Entrevue avec Joël Fiossi, formateur informatique à Glo Yekon
Comme nous l’avons fait précédemment avec notre formateur bénévole Sylvestre Mesmin Cotchenou , nous avons récemment eu la chance de nous entretenir via Skype avec Joël Fiossi, un autre des formateurs informatiques qui œuvre sans relâche au succès de nos projets. Il nous fait donc plaisir de vous le présenter dans ce bulletin:
Pouvez-vous nous parler de votre parcours, professionnel et personnel?
J’ai fait l’école primaire et le collège, comme beaucoup de Béninois, et j’ai ensuite poursuivi 2 années d’études en télécommunications, ce qui m’a permis d’obtenir ma licence en informatique en 2009. J’ai ensuite fait un premier « Master » en Technologie de l’information complété en 2011, ainsi qu’un 2ème en Systèmes réseau et sécurité terminé récemment en 2014. Je travaille présentement pour Bénin Télécom, pour qui j’ai agi à titre de technicien au départ et d’ingénieur par la suite. Ce fut pour moi un grand apprentissage et en quelque sorte un choc de passer du monde des études au marché du travail.
Comment avez-vous entendu parler de Santé et Éducation Maintenant! et pourquoi avez-vous décidé de vous impliquer avec nous?
C’est par l’entremise de mon ami Gafarou, qui était formateur pour les cours d’informatique à Glo Yekon, que j’ai entendu parler de l’organisme. J’avais toujours eu le désir de m’impliquer auprès d’une ONG, et l’occasion s’est présentée lorsque Gafarou a quitté le Bénin, laissant un poste de formateur vacant. Comme Gafarou avait confiance en moi et que j’avais les connaissances nécessaires pour occuper ce poste, mon intégration au groupe de formateurs s’est faite naturellement.
Quels sont les principaux défis que vous devez surmonter dans le cadre des projets auxquels vous collaborez (notamment, les cours d’informatique )?
Au niveau du matériel, les défis sont divers. L’un des principaux est la vétusté des appareils. Nous avons voulu par exemple installer Office 10 sur ces appareils, et n’avons pu le faire car la capacité des ordinateurs n’était pas suffisante pour faire fonctionner ces programmes. Aussi, les claviers sur les ordinateurs portables que nous recevons sont QWERTY, alors que nous utilisons habituellement les claviers AZERTY au Bénin.
Un autre obstacle que nous rencontrons est au niveau des apprenants. Plusieurs des apprenants n’ont pas le français comme langue maternelle, ce qui rend la communication parfois complexe. Nous, les formateurs, devons donc nous adapter et utiliser un langage différent pour nous assurer de leur compréhension, ce qui rend certaines explication plus difficiles, puisque nous sommes habitués d’utiliser un vocabulaire différent lorsque l’on parle d’informatique.
Enfin, je citerai dans les défis la conciliation des cours informatiques avec notre emploi du temps, à nous, formateurs. Nous aimerions nous impliquer plus, mais parfois nos obligations ne nous laissent pas le temps d’en faire autant que nous voudrions pour les cours.
Quels sont vos hobbies, passe-temps, intérêts?
Bien que ce sport ne soit pas très populaire au Bénin, je joue au tennis environ 2 fois par semaine. J’ai vécu en Côte d’Ivoire quand j’étais enfant, et ce sport est populaire dans ce pays – J’ai donc gardé l’habitude et le plaisir de pratiquer ce sport lorsque ma famille et moi-même sommes déménagés au Bénin suite au conflit armé en Côte d’Ivoire en 20021.
Un autre domaine qui me passionne est la programmation de sites web et la création d’applications mobiles. Je suis entre autre responsable de 2 serveurs, un situé en Angleterre et l’autre en France.
Finalement, quels sont les aspects positifs de votre implication, ce qui progresse et qui va bien?
Je suis content des progrès effectués en termes d’organisation des cours, notamment avec l’intégration de rapports réguliers et de la mise en place de l’étiquetage du matériel. Je suis également content des ajouts que nous avons effectués au cours, et de ceux que nous comptons faire à l’avenir. Nous avons par exemple introduit les bases du logiciel PowerPoint dans nos cours, ainsi qu’une initiation à Internet. Selon moi, Internet est un outil très important à comprendre et avec lequel se familiariser, puisque c’est une source très vaste d’informations en tout genre – parfois, nos élèves ne voient malheureusement pas plus loin que les réseaux sociaux sur Internet, alors que ce réseau peut leur offrir beaucoup plus; conscientiser les élèves à cette réalité est à mon avis très important.
Nous songeons également à la création d’un cours de niveau 2, qui s’adresserait aux étudiants ayant complété le 1er niveau avec succès et qui pourrait leur faire connaître les bases de la création et de la maintenance de sites web. Bien que ce projet en soit à ses tout débuts, c’est quelque chose qui, je crois, pourrait être très positif pour les étudiants.
- Entre 2002 et 2007, un conflit armé trouvant ses racines dans la situation politique du pays a secoué la Côte d’Ivoire. Pour la chronologie et les détails de cette crise, voir http://www.lexpress.fr/actualite/monde/afrique/chronologie-de-la-cote-d-ivoire-1958-2011_910836.html